Meaux ► Les dealers avaient installé leur trafic dans le quartier de la Grosse-Pierre

 

Trois hommes et une femme ont comparu, lundi 8 juillet, devant le tribunal correctionnel de Meaux pour leurs implications dans le trafic de cannabis qui se déroulait dans le quartier de la Grosse-Pierre à Meaux.

Les services de police ayant reçu de multiples plaintes de la part des riverains de la Grosse-Pierre, des surveillances physiques et des écoutes ont été mises en place au cours des derniers mois. Deux hommes sont revenus souvent dans le collimateur des policiers surveillant le trafic : Mohamed et Karim. Les deux habitants du quartier ont comparu devant les juges.

Tandis que les surveillances à la Grosse-Pierre avaient été mises en place par les enquêteurs, Karim, 21 ans, était aperçu concluant discrètement des échanges en bas des bâtiments et a été désigné comme le vendeur de la bande par les consommateurs qui ont été entendus par la police.

Lorsque Mohamed, plus souvent appelé « Moha », descendait « juste fumer un joint avec son copain Karim », les agents en surveillance était surpris de voir l’attroupement qui se constituait autour du père de famille de 33 ans. Un consommateur a évoqué Mohamed comme « le chef » puisqu’il « donnait des ordres à Karim ».

L’étude de leurs lignes téléphoniques a relaté plus de 1 965 communications entre les deux « très bons amis ». Sur la durée du trafic, cela correspond à une trentaine d’appels journaliers. Dans certaines conversations, Mohamed demande à Karim de « venir en bas pour couper la « planche » ou « la buche ». A l’audience Mohamed s’est défendu d’utiliser des termes déguisés pour désigner la drogue et a expliqué qu’il bricolait dans sa cuisine et qu’il avait besoin de Karim pour couper une planche en bois. Et « la buche » était un malentendu puisqu’il s’agissait en réalité d’une douche que Moha’ allait prendre.

Cependant la conversation qui a le plus intéressé les enquêteurs est l’appel qu’a passé Karim à Mohamed lorsqu’il s’était rendu chez Jimmy lui aussi prévenu lundi. Jimmy, 30 ans, habite à Pontpoint dans l’Oise et était le meilleur ami du grand frère de Mohamed, décédé il y a quelques mois.

Jimmy et Mohamed n’avaient pu échanger auparavant, nulle part ailleurs qu’en prison, où ils purgeaient tous les deux une peine pour, déjà, trafic de stupéfiants. A l’époque, il s’agissait de trafics dans d’autres lieux.

Karim avait fait le trajet jusque dans l’Oise pour récupérer un « paquet » d’après ce qu’ont recueilli les enquêteurs. Et même si un appel a été passé à Mohamed durant lequel il disait à Karim : « T’inquiète pas, fils de pu…. Elle est prévenue. Elle arrive », il nie toute implication dans l’échange en question.

A l’audience, Karim a expliqué : « J’ai rencontré Jimmy à l’enterrement du grand frère (de Mohamed). Il fumait un joint et la fumée sentait bon. Je suis allé le voir, on a fumé. J’ai appris qu’il faisait pousser sa weed. Alors je lui ai demandé ». En effet, Jimmy, responsable dans un magasin Truffaut, a une véritable passion pour les plantes. Il entretenait 83 pieds de cannabis dans la cave de sa mère.

A la barre, Jimmy a défendu la version de Mohamed où Karim avait simplement insisté pour que Jimmy lui vende « un peu » d’herbe et dans laquelle il ne jouait aucun rôle. Ils ont échangé 100g de cannabis contre 600 euros.

Il s’agissait alors de savoir qui était « Elle » à laquelle Mohamed faisait référence dans sa communication avec Karim lorsqu’il s’était rendu dans l’Oise. « Elle » n’était autre que la sœur de Mohamed, Lamia. La femme de 38 ans, vivant à Brenouille, servait d’intermédiaire entre Mohamed et Karim à Meaux et Jimmy à Pontpoint. Lors d’une perquisition à son domicile, plus de 10 000 euros en liquide ont été retrouvés ainsi que 116 grammes de cannabis et plus de 20 grammes de cocaïne.

Durant l’audience, tous, à part Karim, ont nié avoir jamais participé au trafic qui a été observé à la Grosse-Pierre. Aussi, les prévenus étaient particulièrement « animés » dans le box des détenus, à tel point que la présidente a fait placer une escorte policière entre chaque trafiquant. En plus de leur comportement de « collégiens turbulents », l’incohérence des propos tenus par Mohamed, Jimmy et Lamia avec leurs déclarations recueillies en garde à vue avait fini d’agacer grandement les magistrats.

Tous ont été condamnés à cinq mois de prison et ont été placés, dès la fin de l’audience, en détention.