Tribune libre ► Act’art, le grand bond en arrière ?

Pendant onze années, nous avons veillé en tant que présidents d’Act’art, l’association culturelle du Département, à l’aménagement culturel de toute la Seine-et- Marne et à permettre l’accès du plus grand nombre à la culture à travers :

  • la présence des Scènes Rurales sur tout le territoire, la création du festival de cultures urbaines « Hoptimum », le développement de « Collège au cinéma » en matière d’éducation
  • l’action en direction des acteurs culturels et de la population : formations et rencontres, action culturelle, résidences d’artistes, travail avec les collectivités et les associations
  • la mise en valeur de toutes les cultures : spectacle vivant, danse, graff, musique…
  • des rencontres originales entre la culture et le patrimoine (hip hop au château de Blandy-les- Tours, mise en graff des usines Jeumont-Schneider à Champagne-sur- Seine, de la cité Gaston Tunc à Melun et de l’ancien hôpital de Lagny, coupe du monde de scratch à Fontainebleau, présentation de saison au musée de la préhistoire à Nemours…)

L’actuel vice-président du Conseil départemental en charge de la culture et du patrimoine et nouveau président d’Act’art, Patrick Septiers, avait d’ailleurs remercié l’équipe sortante de laisser « une maison en bon ordre, avec une très bonne notoriété, un impact culturel que tout le monde reconnaît, et une gestion saine » lors de l’Assemblée générale de l’association du 18 juin 2015.

Quelle n’est pas notre inquiétude, dans ces conditions, de découvrir qu’à travers les orientations qu’elle présente au Conseil départemental du 27 mai, la nouvelle majorité départementale prépare, sans l’assumer, un grand bond en arrière pour Act’art !

  • Réduction de 180 000€ (12,5%) des subventions du conseil départemental à Act’art.
  • Diminution de la programmation : recul de la date d’ouverture des Scènes Rurales (31 octobre en 2015 alors qu’elle débutait traditionnellement un mois plus tôt), suppression des présentations de saison en septembre (soirées puis weekend jusqu’en 2014), disparition de la programmation Hoptimum en 2016 (6 dates dont un weekend début 2015)… Pour l’avenir, la délibération se borne à annoncer une « douzaine » de rencontres entre septembre et décembre 2016 sans en préciser la nature et évite de fixer un objectif pour 2017.
  • Abandon des territoires urbains puisque la délibération prétend recentrer le dispositif « sur les territoires ruraux ». A quel titre les territoires dits urbains devraient-ils être privés du concours d’une association à caractère départemental ? Après la réduction de 40% des subventions du Département aux Scènes Nationales, la nouvelle majorité départementale semble oublier que la culture est un vecteur essentiel du vivre ensemble.
  • Recul sur la diversité culturelle que consacrait la saison « Hoptimum », et ce, sous le prétexte de « rassembler Hoptimum et les Scènes rurales dès la saison 2016-2017 ». Il suffit de se connecter au blog Hoptimum77.com pour constater qu’il n’est plus alimenté depuis un an. Quant au site actart77.com, il mentionne pour seule action en matière de cultures urbaines cette année l’exposition « Défense d’effacer » lancée … en 2014..

Parce que nous avons la conviction que la culture ne doit pas être réservée à quelques-uns, nous invitons la nouvelle majorité départementale à ne pas renoncer à un dispositif culturel ambitieux qui fait la richesse de notre Département.

Les orientations envisagées sont tout simplement contraires aux déclarations du vice-président à la culture et au patrimoine du Conseil départemental lors de l’assemblée générale du 18 juin 2015 : « la culture est un des moyens absolument essentiel, comme l’éducation, de ressouder les générations, les habitants, et il est vrai qu’il ne faut pas faire de différence entre l’urbain, les quartiers, la ruralité ».

Jean-Pierre Guérin, président d’Act’art de 2011 à 2015

Michèle Pélabère, présidente d’Act’art de 2004 à 2011