Crise sanitaire et déconfinement ► D’un flou coloré à la censure de la presse : patauge et autoritarisme

@ Ministère de la Santé

 

Jeudi 30 avril, la carte des départements qui seront déconfinés plus tôt que d’autres a été dévoilée. Feu vert ou feu rouge, les Français ont désormais leur couleur. Cependant, pour beaucoup, rien n’est clair et rien n’éclaire, même pas les semi-débats avec précisions donnés sur les chaînes de télé par les grands spécialistes… tous éminents, qui ont forcément un avis sur la question mais dont les téléspectateurs ne comprennent pas plus les explications. 

Des explications, il y en a à la pelle, mais les Français nagent quand même dans un grand flou, à défaut de nager dans le grand bleu puisque l’on est dans le vert et rouge. 

Sur les réseaux sociaux, les questions se multiplient et viennent amplifier la vague d’incompréhension quant aux consignes de déconfinement. D’abord, quel département sera déconfiné ? Le roulement de tambour gronde et sans doute va-t-il le faire jusqu’au 7 mai… et après… En attendant, on a une tendance qui pourrait juste habituer les confinés à l’idée de le rester. Légitimement, car dans un flou particulièrement artistique et coloré, les Français se demandent s’ils sont dans un département « déconfiné », s’ils pourront aller voir Mamie qui elle est dans un département toujours confiné… 

Rester confinés, ça veut dire quoi ? Les punis devront-ils toujours remplir leur laisser-passer ? Et s’ils travaillent dans le département voisin qui lui est déconfiné, ou l’inverse… que devront-ils remplir ? Que comprendront les forces de l’ordre en contrôle ?  

De tous les côtés, les coups de gueule, et pas que des policitiens, s’accumulent, comme celui de Jean-Luc Mélenchon pour dénoncer « le manque de clarté » du discours du Premier ministre, ou celui de Jean-Pierre Pernaut, las face aux « nombreuses incohérences » et les « contradictions » que montre le gouvernement, ou encore celui des maires qui ont reçu un ordre de réquisition d’installations communales afin de recevoir des écoliers de classes scindées et sans enseignants. 

Quant à la porte-parole, Sibeth Ndiaye, pour qui tout ce qui ne va pas dans le sens du gouvernement, même les questions, seraient #fakenews, elle a annoncé sur son compte twitter la mise en place d’une plateforme pour trier les articles de presse jugés « sûrs et vérifiés ». De là à faire le tri de ce qui arrange l’Etat plutôt que de ce qui soulève les vrais problèmes des Français, il n’y a peut-être pas un grand pas à franchir. Faute de pouvoir censurer la presse, symbole de la liberté d’expression, le pouvoir executif se transforme en certificateur de l’information. L’Etat a dû oublier manifestement que, dans un régime pluraliste, il n’a pas à jouer les arbitres des titres de presse entre eux. Bafoués le libre-arbitre, l’autonomie de la société et les acquis de la démocratie pourtant tellement mise en avant par le président lui-même. 

Peut-être d’ailleurs, ne restera dans la « bonne » liste des news triées, que la presse qui reçoit les aides financières de l’Etat les plus importantes ? Mais ceci est une autre histoire.

 

 

Finalement, en triant les articles de presse, le gouvernement tenterait de recréer un ministère de l’Information. Dommage pour la porte-parole…

La crise sanitaire est une affaire de « com » à n’en plus douter mais par-dessus tout, à force de vouloir avancer « progressivement et avec prudence », le gouvernement donne surtout l’impression de ne pas trop savoir où il va, mis à part contenir la communication qu’il sent lui échapper. Pas de remise en question à l’horizon. Celle-ci aurait pourtant pu aider les Français à prévoir, s’organiser et faire face aux difficultés.

 

La carte actualisée sur Ministère des Solidarités et de la Santé