Les 200 migrants font polémique au cœur de Saint-Mard. La mairie a proposé une réunion publique sur le parvis de l'hôtel de ville, samedi 23 juillet.
La veille, 200 migrants ont été installés au gymnase des Pailleux réquisitionné par la préfecture. Samedi, la réunion était tendue et les habitants ont livré leurs sentiments quant à la situation imposée. Face au représentant de l'Etat, ils ont majoritairement exprimé leurs inquiétudes et leur courroux.
Le maire, Daniel Dometz, a expliqué la situation : "J'ai été mis devant le fait accompli. La décision m'a été imposée sans que je puisse dire quoi que ce soit. On a reçu le courrier jeudi à 10 h 30 et les bus, dont l'arrivée était prévue le lendemain dans l'après-midi, sont arrivés le matin à 10 heures. J'aurais préféré avoir une semaine de plus pour tout préparer et prévenir la population".
Il a tenté de rassurer ses administrés : "Les gendarmes ont contrôlé tous les arrivants et fouillé leur sac pour vérifier s'il n'y avait pas d'armes" tout en réaffirmant son opposition : "J'ai été contre cette installation, je le suis toujours mais ce sont des êtres humains et nous devons les accueillir".
Le ton est monté au moment de la prise de parole du directeur départemental de la cohésion sociale, Philippe Sibeud. "La durée de leur séjour à Saint-Mard est d'un mois. Il s'agit du temps nécessaire pour traiter leurs dossiers et leur donner des papiers" a déclaré le représentant de l'Etat, cible de nombreuses attaques verbales et de huées.
"Des patrouilles vont être renforcées" a indiqué l'adjudant David de la gendarmerie de Dammartin, sans pouvoir assurer le renforcement des effectifs. Pourtant, aucun cas de débordement ou de méfait n'aurait été recensé selon la gendarmerie. "Ils savent qu'au moindre délit, ils perdront toutes les chances d'avoir des papiers" a justifié le représentant des forces de l'ordre. Il a ajouté : "S'ils vont à Paris, c'est aussi, ne nous voilons pas la face, pour travailler au noir"...
"En ce qui concerne les femmes et les enfants, ils ont été séparés des pères et des hommes pour des raisons de sécurité" a précisé Daniel Dometz.
Face à des accusations de paranoïa pour les uns et des reproches d'angélisme pour les autres, Martine est partagée : "La situation nous rend complètement schizophrènes. On a envie de les aider mais on a peur".
Le maire aurait reçu des menaces verbales, vendredi après-midi. Une élue raconte : "Il s'agissait d'un trentenaire au volant d'un 4x4 noir. Il a dit qu'il allait tout faire brûler et nous a montré des balles d'arme à feu".
D'autres habitants affirment en avoir vu vagabonder à Othis et Juilly, de nuit. "Les sorties sont pourtant interdites entre 23 heures et 6 heures du matin" a rappelé Arthur Anane, le directeur général de la Rose des vents, l'association chargée de gérer et d'encadrer l'accueil des migrants. Néanmoins, en journée, les réfugiés sont libres de circuler : "Ils peuvent prendre le train pour se rendre à Paris" a admis le représentant associatif provoquant sifflets et quolibets. "Et comment ils le paient leur billet ? Avec quel argent ?" a interpellé un participant.
Selon les organisations humanitaires, les migrants ne recevraient pas d'argent.
[gallery size="large" type="slideshow" ids="29245,29243,29242,29244,29246,29250,29247,29251,29248,29252,29253,29254,29255,29257"]