Mitry-Mory ► Clash autour de la piscine : l’opposition quitte le conseil

Fâchés, les quatre élus de l’opposition de Mitry-Mory ont quitté le conseil municipal, mardi 19 décembre. Le différend entre eux et le maire est parti du changement de gestion de la piscine municipale.

Les élus de l’opposition à Mitry ont claqué la porte du conseil, mardi, tandis qu’était débattu le projet de piscine. En effet, la piscine municipale va passer sous la gestion de la Carpf (Communauté d’agglomération Roissy Pays de France).

Laurent Prugneau, élu UDI, parle de « déni de démocratie » et Charlotte Blandiot-Faride, le maire PCF, évoque un « manque de respect »…

« On ne me hèle pas

en plein milieu du conseil »

« Ho, ho ! » a lancé Gérard Gauthier, élu UDI. Il voulait poser une question au maire avant que soit mise au vote la délibération après l’exposé de Franck Sureau, l’adjoint aux finances. L’élu d’opposition a insisté, élevé la voix : « Attendez, j’ai une question !». Le maire a répliqué : « Vous la poserez plus tard ».

Laurent Prugneau, Dominique Manière et Gérard Gauthier (groupe UDI) ont alors protesté plutôt énergiquement, avant de décider de quitter la salle.

Le maire a précisé : « J’ai mis le mémoire aux voix et l’on passe à la question suivante. Monsieur Gauthier aurait dû la poser avant et on ne dit pas ‘ ho, ho’ en plein milieu du conseil ». 

Philippe Laloue (LR) a quitté la salle également en s’insurgeant : « C’est inadmissible, on est dans une vraie dictature ».

« Un déni de démocratie »

Laurent Prugneau a commenté : « Devant un tel déni de démocratie, ils nous étaient impossible de continuer à siéger. Gérard Gauthier étant le plus loin dans la salle, il s’est manifesté à plusieurs reprises en levant la main afin de prendre la parole, mais il a été négligemment ignoré. Alors il s’est manifesté en interpellant celle qui dirige les débats. La première adjointe, de façon méprisante, l’a imité en levant également le bras et en répétant ses appels ».

« Une attitude irrespectueuse »

A la fin du conseil, Charlotte Blandiot-Faride a confié à Magjournal : « Si monsieur Gauthier avait eu une attitude un peu plus respectueuse, je lui aurais bien sûr laissé la parole. Je ne l’ai d’ailleurs jamais refusée à personne, mais je ne peux en aucun cas cautionner une attitude aussi irrespectueuse au sein du conseil ».

La piscine fait des vagues

La cause du conflit était le rapport de la Clect (Commission locale des charges transférées) qui évalue les charges liées aux transferts de compétences entre communes et intercommunalité. Parmi celles-ci, figurent le développement économique, la politique de la ville, l’aire d’accueil des gens du voyage, les eaux pluviales, la défense-incendie et… la piscine municipale.

Cette dernière a ouvert la voie aux commentaires et Laurent Prugneau souligne : « Le rapport ouvre les yeux sur la gestion à Mitry-Mory car la Clect est apolitique : c’est simplement le constat des faits et de la gestion d’une commune. Dans le secteur, on a trois piscines qui ont été construites dans les années 1970 : Claye-Souilly (31 870 entrées annuelles), Mitry-Mory (43 500 entrées) et Villeparisis (55 880 entrées) ».

Il poursuit : « Pour les recettes, Claye-Souilly, c’est 154 585 euros par an, Villeparisis 117 019 euros, Mitry-Mory 34 798 euros. Le nombre d’agents pour les trois piscines est sensiblement le même mais, en revanche, les charges de personnel sont de 394 412 euros pour Claye-Souilly, 388 897 euros pour Villeparisis et 564 180 euros pour Mitry-Mory, soit 45 % de plus qu’à Villeparisis : on se pose donc des questions sur la gestion par la mairie ».

Laurent Prugneau pointe également le coût « élevé » de gestion annuelle de la piscine qu’il chiffre à 770 000 euros. « Cela va bien sûr venir en moins de l’attribution de compensation » conclut-il.

Une autre conception du service public

Charlotte Blandiot-Faride répond et expose  : « On ne parle pas des choux et des carottes de la même manière. Vous sortez des chiffres sans expliquer pourquoi ils peuvent être différents. Sur la question des recettes, on ne demande pas aux associations de payer les gouttes d’eau pour se servir de la piscine et l’on donne à titre gracieux, pour les compétitions comme pour les cours, des lignes d’eau à nos associations. C’est un choix qui a été fait sur la gestion d’avoir soit des marchés d’entretien, soit des personnels qui entretiennent les piscines. Ce sont des choses qui ne sont pas imputées de la même manière sur les frais de fonctionnement et de gestion ».

Selon le maire, la commune ne donne pas la même qualité de service que d’autres collectivités. « Nous défendons un système où le service public peut certes coûter, mais sert au plus grand nombre d’usagers, ce qui n’est pas le cas de certains de nos collègues » a-t-elle renchéri.