Lagny-sur-Marne ► L’artiste Bishop Parigo, un oiseau rare

De drôles d’oiseaux colorés apparaissent depuis quelques temps sur les murs et dans les commerces de Lagny-sur-Marne. Rencontre avec leur créateur, le peintre-illustrateur Nicolas Poirier, alias Bishop Parigo.

La customisation du bar du Thé art Café à Lagny, c’est lui. Le mur de la boutique des Mômes du Marché, c’est lui. La palissade du square de Lagny, c’est toujours lui. Le parvis du centre d’action sociale de Thorigny-sur-Marne, c’est encore lui. Nicolas Poirier, 37 ans, alias Bishop Parigo, est peintre-illustrateur. A ne pas confondre avec le graffeur, celui qui sort la nuit pour dessiner sur des murs. Nicolas Poirier dessine aussi bien sur papier avec des crayons, des feutres et des marqueurs que sur toile à l’acrylique et au pinceau et sur mur à la bombe. Son pseudo, c’est celui de la marque de vêtements pour le skate et le bmx qu’il avait créée avec ses copains durant ses années lycées à Claye-Souilly.

Un art qui touche les gens

La marque de fabrique de ce Latignacien, c’est un oiseau aux formes plutôt rondes et colorées : « L’oiseau est un animal assez graphique et porteur de valeurs de paix, de liberté et d’amour. C’est un petit personnage qui me plaît bien et que j’ai fait évoluer car au départ, c’était un petit monstre en forme de poisson. Aujourd’hui, chacun peut y voir ce qu’il veut : un pingouin, un poussin, un Shadock, j’entends de tout »

Les couleurs sont souvent acidulées, vives, voire enfantines. L’enfance, c’est l’une des sources d’inspiration de ce père de deux petites filles de 8 ans et 1 an et demi. Le papa artiste est d’ailleurs intervenu cette année à l’école Delambre pour faire peindre des tote bags aux enfants. Son art « touche les gens » puisqu’il vient d’être contacté par une maison d’édition jeunesse pour réaliser un jeu de société basé sur le coloriage. Et cet hiver, Nicolas a été appelé pour participer au clip 2018 des Enfoirés.

De la rigueur

Tout petit déjà, il dessinait « tout le temps », le soir, le week-end sans penser qu’il pourrait en vivre un jour. Si bien qu’il s’est formé au métier de peintre en lettres au Gué-à-Tresmes, à Congis-sur-Thérouanne, une formation qui, à défaut de lui donner un métier, lui a appris la rigueur.

L’oiseau a pris son envol il y a un an, en se mettant à son compte depuis sa maison du centre-ville de Lagny, à deux pas de son atelier situé rue du Chemin-de-fer. A l’intérieur, plus d’une centaine de bombes sont rangées par couleur sur des étagères. Des feutres de peintures jonchent le sol. En guise de décoration, trônent un Buzz l’éclair, les mythiques bonbons PEZ encore sous emballage, et des figurines de dessins animés ; plus loin une table pour travailler à plat et ça et là des toiles posées à même le sol contre le mur en attente de couleurs, de finitions.  « Il faut d’abord créer un fond proche du graffiti avec des pochoirs et des gabarits, avant de voir les oiseaux puis les couleurs définitives apparaître sur la toile », explique posément l’artiste. Bishop Parigo passe 85 % de son temps de travail en extérieur ou dans son atelier et 15 % devant son ordinateur, une répartition qui lui va bien car il aime « créer dehors, en liberté, peindre en one-shot ».

« Vivre de ma passion, c’est fou ! »

Nicolas Poirier vend ses toiles via une galerie en Suisse et une plate-forme dédiée car son travail est coté. En extérieur, il est payé « à la surface du mur » et « négocie différemment, au feeling parfois ». Il raconte son plus beau souvenir artistique : « J’ai été appelé une semaine après les attentats du 13 novembre à Paris par une habitante du quartier du Petit Cambodge. Nous avons peint une fresque de 70 mètres de long avec les enfants et les gens du coin pour laisser des traces de couleur et redonner le sourire… Mon métier, c’est avant tout une passion et de pouvoir en vivre c’est fou ! Chaque exposition, chaque événement me permet de bouger, de rencontrer de nouvelles personnes. On casse toutes les barrières de la vie avec une illustration, on engendre des émotions, des souvenirs de jeunesse ». Comment se voit il dans dix ans ? : « Toujours à mon compte, mais avec mes œuvres exposées partout à travers le monde ».