Seine-et-Marne ► Roissy Pays de France refuse le pôle métropolitain avec le Pays de Meaux, le Pays de l’Ourcq et Plaines et monts de France

 

Les maires de Roissy Pays de France, la communauté d’agglomération qui devait participer à la transformation du GIP (groupement d’intérêt public) en pôle métropolitain avec Meaux, ont rendu leur décision, jeudi 21 janvier : c’est le « non » qui l’a emporté. Néanmoins, la grande communauté d’agglomération de quarante-deux communes continue d’adhérer au GIP.

Le pôle métropolitain n’a pas reçu l’approbation des maires de la communauté d’agglomération Roissy Pays de France. La décision a été prise jeudi en conférence des maires. Dès le lendemain matin, le président  Doll a contacté Jean-François Copé, le président du Pays de Meaux, à l’initiative du projet, et lui a fait part de la nouvelle. 

Le Gip, qui regroupe quatre intercommunalités – Pays de Meaux, Roissy Pays de France, Pays de l’Ourcq etPlaines et Monts de France – ne donnera pas naissance au pôle métropolitain tel que le maire de Meaux et les deux autres présidents des intercos seine-et-marnaises l’avaient envisagé. Ces derniers avaient validé en novembre le passage du groupement vers le pôle. Restait à Roissy Pays de France avec ses quarante-deux communes en Seine-et-Marne et Val-d’Oise, à faire de même mais le nouveau président, Pascal Doll, voulait « laisser le temps », après les élections municipales, aux récents élus pour faire connaissance avec les projets du territoire. 

Pascal Doll a indiqué à Magjournal : « La décision de notre communauté d’agglo ne remet pas en cause le Gip. Notre adhésion est bien conservée. C’est en connaissance de cause que chacun a pu s’exprimer. D’ailleurs, Jean-François Copé était venu plusieurs fois exposer les enjeux du projet du pôle métropolitain. Il y a eu des votes pour et des votes contre, tant par des maires de Seine-et-Marne que par ceux du Val-d’Oise. Le ‘non’ a été majoritaire. »

Frédéric Bouche, le maire de Villeparisis, élu en mars, déclare : « Nous avons pu débattre de manière apaisée et intéressante. J’ai voté pour le passage au pôle car j’y voyais la possibilité de la matérialisation de projets autour de l’aéroport de Roissy, mais je ne suis pas déçu de la décision. Les élus « contre » avaient aussi de bons arguments. C’était également important pour nous de pouvoir répondre vite mais aussi sans remettre en cause l’unité de l’interco. Roissy Pays de France n’a pas vu d’intérêt de projets car il existe d’autres outils que le pôle métropolitain. Ce qui m’intéressait surtout, c’était le débat et le temps dira si c’était la bonne décision. »

Jean-Luc Servières, le maire de Claye-Souilly, nouvellement élu, était aussi favorable au pôle métropolitain, en particulier pour les transports

Jeudi, les maires étaient libres de choisir leur camp, et beaucoup se sont positionnés par rapport au contexte économique actuel avec des articulations financières compliquées. 

« Cela n’aura pas suffi… »

Jean-François Copé a réagi à la décision de Roissy Pays de France : « Ces deux dernières années, j’ai déployé toute l’énergie possible pour convaincre du bien-fondé de cette aventure collective. De nombreux maires, issus de nos quatre intercommunalités, avaient d’ailleurs appelé de leurs vœux le pôle métropolitain… Le projet passionnant était le fruit d’un intense travail issu d’un nombre considérable de réunions, de réflexion et de concertation, pour que nous puissions ensemble être plus forts face au Grand Paris et mener des actions dont les retombées auraient été très positives pour nos territoires et nos habitants. Ainsi, en matière d’emploi, de formation professionnelle, de développement économique mais aussi de transport et d’écologie, nous aurions pu élaborer ensemble des solutions fortes et innovantes, face à des problèmes que nous ne savons pas résoudre seuls auiourd’hui. De même, le pôle métropolitain aurait été l’interlocuteur incontournable de l’Etat et de nos grands partenaires pour représenter nos territoires. C’est d’ailleurs dans cet esprit que le préfet de Région comme le président d’ADP soutenaient sa création. ll aurait également permis d’incarner enfin une force politique importante pour peser véritablement face aux différents acteurs et ne pas être à la merci de décisions verticales comme cela a été le cas avec la triste conclusion du dossier Europacity. Notre collaboration aurait également permis de répondre à la problématique du foncier disponible pour accueillir les entreprises qui veulent s’implanter dans la zone aéroportuaire et ainsi développer toujours plus l’activité et les emplois pour nos concitoyens… Cela n’aura pas suffi… »

Jean-Louis Durand, président de Plaines et Monts de France, souligne : « C’est une réelle mauvaise surprise et la décision est fort regrettable. On devait montrer à l’Etat que Roissy devait rester attaché au territoire et ne pas se tourner vers la métropole du Grand Paris. Le GIP est un syndicat à la carte, souple, sans que chacun perde son identité. Il y avait des sujets comme la sortie de la RN2 à Dammartin et Othis sur lesquels on n’y arrive pas seuls, même avec le Département. Ensemble, on aurait pesé plus lourd car il devait s’agir de plus de 500 000 habitants. Il y avait aussi, par exemple les projets concernant Carex, le transport de fret aérien par camions et avions vers les TGV ; c’était une véritable opportunité de développement. Actuellement, le projet est coincé sur le bureau du ministre des Transports. Je pense que Roissy Pays de France a oublié la finalité première des articulations du territoire qui est le rattachement de l’aéroport à la métropole du Grand Paris, et plus du tout à la Seine-et-Marne sur laquelle il a une partie de son emprise. L’argent des communes ira à la métropole. »  

Pierre Elboode, président du Pays de l’Ourcq commente : « Je suis surpris de la décision. Je vais avoir une réunion cette semaine avec Jean-François Copé et Jean-Louis Durand pour déterminer quelle sera notre position. » 

Bernard Corneille, le maire d’Othis et conseiller départemental, était « très favorable » au pôle métropolitain : « Je vois déjà une fracture au sein de Roissy Pays de France. Jeudi quand j’ai vu le maire de Sarcelles (Val-d’Oise) voter contre le pôle, j’ai tout de suite compris que c’était mort. Il faut se rappeler qu’à la base, il y a eu une amputation de Plaines et Monts de France, avec des communes qu’on a vraiment laissées sur le bord de la route et qui, si elles reçoivent le kérosène des avions de Roissy, elles n’ont plus aucune retombée économique de l’aéroport. Avec le pôle, il ne s’agissait pas de faire une hyper interco mais chacun pouvait participer au coup par coup, selon les sujets… Le ‘non’ est venu un maximum du Val-d’Oise. La suite, je la vois mal… »

Le GIP survivra-t-il au refus de Roissy Pays de France pour le pôle métropolitain ?