Chanteloup-en-Brie ► [Vidéo] Street art : le centre commercial du Clos du Chêne devient un musée à ciel ouvert

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Le festival de street art s’est déroulé du 30 mai au 5 juin, au Clos du Chêne, à Chanteloup-en-Brie et Montévrain. Jeudi 2 juin, une visite officielle a fait découvrir les vingt-et-une nouvelles fresques ornementales du centre commercial.

Depuis quatre ans maintenant, tous les ans, des artistes du street art viennent alimenter en art urbain les façades des bâtiments du Clos du Chêne. Des œuvres monumentales ornent l’ensemble commercial. « Les fresques sont aujourd’hui au nombre de quatre-vingts », comme l’indique Gérard Lemarié, directeur artistique du festival. Dix artistes ont ajouté une vingtaine d’œuvres aux fresques déjà existantes. Les visiteurs peuvent les admirer sur les murs en tôles ondulées, sur les passages pour piétons, les compteurs électriques, voire sur les plafonds… Le parrain du festival est le graffeur français, Speedy Graphito, qui a réussi à convaincre ses pairs, dès 2019, de participer à une aventure artistique inédite : apporter l’art dans un centre commercial à ciel ouvert.

Antoine Frey, propriétaire des locaux, explique qu’il poursuivra le festival annuel tant qu’il « restera un centimètre carré à couvrir ». L’entreprise s’est engagée à ce qu’il y ait des œuvres dans 100 % de ses parcs en 2025, comme à Claye-Souilly ou Reims (Marne). Il indique : « L’idée est que l’art vienne totalement vampiriser l’ensemble du lieu. Ce qui est drôle est de faire d’un lieu de commerce un lieu de support artistique aussi poussé et pas uniquement de façon anecdotique. Mon inspiration vient de Wynwood, un quartier de Miami dédié au street art. On trouve ça tellement sympa d’apporter un contact direct avec l’art. Beaucoup de gens ont de l’appréhension à pousser la porte d’un musée ou d’une galerie, qui peuvent être intimidants. Grâce à l’art urbain qui peut se loger partout, on utilise un lieu comme celui-là, avec d’immenses espaces, comme un fabuleux support artistique. »

Les artistes sont unanimes sur le concept. Ravo, de Sao-Paulo (Brésil), a fait des reproductions à l’identique, en monumental, de maîtres, dont Caravage, pour le Clos du Chêne. Il a peint pour la première fois des tableaux sur aluminium qui seront fixés sur des plafonds. Il explique : « Le site est devenu un vrai musée aujourd’hui. Il y a de la peinture partout. Je trouve que c’est génial, parce que dix millions de personnes y passent par an. »

Le Catalan Kraser participait pour la première fois au festival. Sa fresque magistrale représentant une statue de Cupidon fait cent quinze mètres carrés. Il déclare « J’aime confronter l’art classique à l’art contemporain. J’ai mis cinq jours pour réaliser la fresque. Cupidon représente l’amour, avec l’idée que les gens viennent ici pour faire des cadeaux à ceux qu’ils aiment. » Quant au festival, il s’exclame : « J’adore ! », alors qu’une voiture le klaxonnait, le conducteur ouvrant sa vitre pour lui lancer un « bravo ».

Nicolas Barrome et Stom500 ont travaillé en binôme. Le tandem a proposé une fresque avec une grande brochette consacrée à la mer. L’œuvre fait déjà quatre-vingts mètres de long. L’idée est qu’ils reviennent pour finir la façade en hauteur pour aboutir à trois cents mètres. Nicolas Barrome commente : « La vérité, c’est que cela fait très grand. On a essayé de mélanger nos graphs. L’un fait un gros, l’autre un petit. On a pris nos repères au bout du deuxième jour. On se mélange, mais ce n’est pas la première fois que l’on peint ensemble. Finalement, rajouter un peu de couleurs, un peu de dessins dans tous les sens, je trouve cela plutôt cool. » Stom500 ajoute : « C’est cool de ramener de l’art dans un centre commercial. On pense aux gamins qui vont arriver là-dedans, aux gens qui ne sont pas du tout initiés à cela, les emmener dans un endroit, leur faire découvrir la peinture, cet univers-là, cela a un côté sympa. »

Arkane a mis quarante-huit heures à créer sa fresque à coup de petits rouleaux mousse en peinture brossée : « Ma recherche est avant tout sur l’émotion, la poésie de l’image. Je trouve un fil conducteur, puis je crée une trame narrative. Après, chaque personne y voit ce qu’elle veut. Et c’est ça qui me plait. C’est le seul festival que je connais qui se passe dans un centre commercial, je trouve la démarche intéressante. On suscite un peu de curiosité, on apporte une petite pause, une petite parenthèse pendant cinq minutes. »

Le festival a une dimension pédagogique : l’école de Montévrain « Le puits du gué » a participé à un atelier avec Bishop Parigo, réalisant une fresque qui ornera un mur de l’établissement scolaire à partir de juillet. Christian Robache, le maire de Montévrain, a fait part de sa satisfaction : « La culture a une place dans nos vies. Ça, c’était un pari. Je pense qu’il fallait mettre de la culture à Montévrain, à Chanteloup. À l’heure où l’on est tous avec nos smartphones, la tête baissée, il fallait peut-être qu’on lève la tête et que l’on remarque que nos magasins ne sont pas si tristes que ça. Ce site aujourd’hui est reconnu et pas que commercial. »

Olivier Colaisseau, le maire de Chanteloup, indique : « Le street art est un peu une aubaine dont on n’avait pas l’initiative en tant qu’élus, mais qui, d’année en année, est en train de créer une identité de territoire. C’est un élément très important de notre marketing territorial maintenant. » 

L’office de tourisme de Marne et Gondoire proposera prochainement une nouvelle activité autour de l’univers artistique unique du Clos du Chêne.